Pourquoi l'avortement provoqué est-il courant dans des environnements où la contraception moderne est facilement accessible ? Cette étude analyse les données qualitatives recueillies lors de discussions de groupe et d'entretiens approfondis avec des femmes et des hommes de zones à faibles revenus dans cinq pays : les États-Unis, le Nigeria, le Pakistan, le Pérou et le Mexique, afin de mieux comprendre comment les couples gèrent leur risque de grossesse. Dans tous les contextes, les femmes et les hommes pèsent rarement les avantages et les inconvénients de la contraception et de l'avortement avant d'entamer une relation sexuelle ou d'avoir des rapports sexuels. La contraception est considérée indépendamment de l'avortement, et les deux ne sont liés que lorsque la première est invoquée comme moyen privilégié d'éviter un nouvel avortement. Pour les femmes, les méthodes contraceptives sont considérées comme suspectes en raison des effets secondaires perçus, tandis que l'expérience de l'avortement, souvent au prix d'un risque personnel important pour elles, soulève le spectre de la stigmatisation sociale et motive une meilleure pratique de la contraception. Dans tous les contextes, les partenaires masculins jouent un rôle important dans les décisions et la gestion de la grossesse. Malgré les limites inhérentes à la petite taille des échantillons, les récits révèlent les obstacles psychosociaux à une utilisation efficace des contraceptifs et identifient des points nodaux dans la prise de décision relative à la grossesse qui peuvent structurer les recherches futures.